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Envoi de M. P... , de Luzech (Lot)
L’autre joun, le factur arribo tout embufat :
"Jacouti ! Jacouti !... Uno despatcho !
- Uno despatcho ? Et per que fa, moun Diou ?...
- Sans doute qu’unque chose d’urgent !... - Belèu uno machanto noubèlo !..."
Et ni la Catinou ni le Jacouti gausabon pas la durbi. Enfin, la Catinou qu’es la pus énergiquo, s’attrapo le courage de darré l’esquino et legis, toute tremblanto : "Ai besoin de vous. Venez premier train. Affaire éventuelle. Signé Julou."
"Jésus moun Diou Nostre Segne ! s’exclamo la Catinou - Affaire éventuelle !... Entendes aco, Jacouti ? Aco diou malgasta enlà. Ane, despacho-te de t’habilla que manques pas le train de tres ouros !..."
Le Jacouti sourtis de l’armari le coustume noubial (que pudio la naphtalino à trente passes !), le melounet, la camiso à plastroun empezat, las boutinos à elastic et la crabato à ressort...
Et es atal harnachat, astiquat et poumpounat, la moustacho reto de pego, le capel sur l’aureillo que nostre gargamelo débarquet, tout faribol, à Matabiau.
Quatre ouros picabon al reloge de la garo. Fazio bel temps. Le Jacouti èro hurous coumo se partio en bacansos et se sentissio requinquillat coumo un junome.
N’èro aqui de sas rèflexiouns, quand uno poulido damo, qu’embaumabo le "patchouli", s’approcho d’el et i dis ame soun pus gracious sourire :
"Oh ! cher monsieur Durand, que je suis heureuse de vous revoir !
- Mès... Mès... sa dis le Jacouti estoumacat, mès m’appèli pas Durand !... Vous faisez erreur, Madame. Je suis M. Jacouti-Pifrette, horticulteur, à Minjesèbes.
- Oh ! pardon, Monsieur... Excusez-moi. C’est que vous avez précisément le même air distingué, et vous avez si belle prestance... j’avais confondu."
En escoutant aquelis coumpliments, le Jacouti flatat se couflabo coumo uno coujo que se prendrio per un meloun !...
"Vous êtes donc horticulteur ? countugno la poulido damo. C’est une chance !... Vous allez me donner un conseil...
- A bostre serbici, Madamo, respound le Jacouti galant, en se frisant la moustacho.
- Justement, je cherchais un horticulteur ! Figurez-vous que j’ai un bégonia d’une espèce rare. Depuis quelques jours, il se dépérit, le pauvrot, il se languit, et, si vous aviez un instant pour me le regarder...
- Aco’s que, pauro fenno, le Julou, il m’attend !....
- Oh ! rien qu’un instant... j’habite à deux pas d’ici..."
Et le Jacouti partis beze le bégonia ! I abio pas moyen de fa autroment. Coussi refusa uno amabilitat à une poulido damo que bous demando serbici tant hounestoment ? Et qu’uno fenno !... Ah ! paures pichous, bous aurio calgut beze l’espécimen de la marchandiso !... Macarèl, qu’uno poulido drollo !!!
Bruno, ame le pel negre et luzent, et tout rebichinat sul frount, al tour de las aureillos. Et d’èls !... Ah ! aquelis èls, que mitraillabon le Jacouti, que le paurot n’abio la car de poulo et se sentissio estrementi jusquos al trinquet !...
(Seguido la setmano que ven)